La jalousie chez le chat : Mythe ou réalité ?
- Charlene Pennec-comportementaliste felin
- 26 mars
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 3 jours

Que dit l'éthologie ?
Il n’y a actuellement pas de preuves scientifiques démontrant l’existence de la jalousie chez le chat dans la palette émotionnelle du chat. La jalousie est considérée comme une émotion secondaire et de ce fait, c'est une émotion complexe qui demande des capacités cognitives avancées. Elle combine deux émotions, la peur et l'anxiété, ce qui fait que l'individu a des pensées et sentiments d'insécurité concernant la perte réelle ou anticipée d'un statut ou d'un lien affectif préférentiel au profit d'un éventuel rival. Elle implique également la notion de propriété et de valeurs morales.
Exemple : Si le chat était réellement jaloux de bébé, il aurait peur de perdre le lien avec ses humains à cause de la venu d'un rival (le bébé).

Or, il n'en est rien. La jalousie est attendue plutôt chez les animaux où la sociabilité est centrale, or le chat est un animal social facultatif, il descend d’ancêtres solitaires et donc n'a pas besoin d'un groupe social pour vivre.
Les différents types de jalousie évoquer par les humains
La jalousie « amoureuse » :
On peut tout de suite l'oublier : le chat est polygame, et oui, mâles comme femelles ont plusieurs partenaires, d'ailleurs une femelle peut très bien avoir des petits d'une même portée de mâles différents.
La jalousie envers un congénère :
Il ne faut pas oublier qu'un chat n'est pas fait pour vivre en groupe, et donc pour partager ses ressources. C'est pour cela qu'il est recommandé de multiplier chaque ressource dans un foyer multi-chats. En réalité, ce que l'humain peut interpréter comme de la jalousie, est à vrai dire, de la protection de ressource ou également appelé compétition de ressources.
La jalousie liée à la relation chat-humain :
Nous avons avec les chats une relation privilégiée : la pet-parentalité, nous nous comportons avec nos matous comme une mère avec ses chatons, en les nourrissant, en les protégeons… Nous sommes donc une ressource, une ressource affective, pour laquelle il pourrait y avoir une forme de compétition comme pour les autres ressources d'ailleurs si elles ne sont pas multipliées (Mais attention : compétition n'est pas jalousie). C'est d'ailleurs la seule ressource qui ne peut pas être multiplié, sauf s'il y a plusieurs humains dans le foyer.
La question d'une forme primitive de jalousie se pose. Il n'y a cependant pas de réelle preuve scientifique.
D'ailleurs, une étude à été menée par des scientifiques pour savoir si le chat ressent de la jalousie, cette étude montre que les chats réagissent plus intensément quand l'humain caresse la peluche en forme de chat, plutôt que le coussin. Aucune tentative de séparation, d'agressions ni de quelconques émotions négatives à été relevés. Cela, donc ne peut avoir de conclusion ferme.
Cette étude est donc non conclusive, la raison pour laquelle les chats réagissaient plus intensément, pourrait avoir une autre explication que la jalousie (confusion, odeur, non-réalisme de la peluche, peur…), d'autres études seraient nécessaires pour pouvoir en savoir plus.
L'anthropomorphisme dans tout ça
En tant que comportementaliste, il est fréquent de rencontrer des cas où des humains de chats projettent leurs propres émotions et sentiments sur leurs animaux. C’est très humain, cela est dû également à des fautes de connaissance et d'explication, il est très tentant de penser que son animal ressent les choses comme nous.
En réalité, plus on est attaché à notre chat, plus on va lui attribuer des compétences cognitives et des émotions complexes.
En éthologie, cette façon de projeter nos propres émotions ou sentiments sur nos animaux, est connu et appelé anthropomorphisme. Il nuit à la relation chat-humain en faussant l'interprétation des comportements et donc en faussant également la compréhension de la situation. Cela est lié à un manque de connaissances (les médias ne nous aident pas) mais aussi à la difficulté qu'ont les humains de concevoir une façon de fonctionner différente de la leur. Une étude montre que les humains qui anthropomorphisent leur chat ont plus tendance à se tromper dans l’interprétation des émotions de Minet.
Seulement voilà, le chat n’est pas comme nous, humains : il perçoit le monde différemment, il a ses propres centres d'intérêts, ses propres préoccupations. Oui, bien évidemment que le chat à des émotions, mais des émotions primaires, comme la peur par exemple.
Ce serait fermer les yeux sur ses réels besoins que de lui attribuer des émotions qui ne sont pas les siennes.
Voulez-vous vraiment que vos interprétations anthropomorphiques aggravent la situation ? J'en appelle donc à la prudence !
En conclusion :
Il serait inapproprié de parler de jalousie chez le chat, car cela n'est pas prouvé scientifiquement.
En plus d'être anthropomorphique, le fait de croire en une forme de jalousie serait contre-productif parce qu'il y aurait une mauvaise interprétation des comportements du chat.
Et ces mauvaises interprétations peuvent ralentir ou ne pas aboutir à la résolution d'une problématique de comportements dérangeants.
SOURCES :
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